Regard prospectif sur la pénurie de main-d'oeuvre
Dans le cadre de la campagne électorale, des informations contradictoires circulent à savoir si la pénurie de main-d’œuvre est plus sévère en région que dans les grands centres urbains. Certains affirment que la pénurie ou la rareté de main-d’œuvre est une réalité indéniable, mais que rien n’indique pour l’instant que les régions souffrent davantage que les principaux centres urbains du Québec. Permettez-moi d’en douter…
L’Institut de la statistique du Québec utilise un indicateur appelé indice de remplacement de la main-d’œuvre (IRMO). Il s'agit du rapport entre le nombre de jeunes de 20 à 29 ans qui pourraient entrer sur le marché du travail et le nombre de retraites potentielles associées au nombre de personnes âgées de 55 à 64 ans. Ainsi, en 2026, il est prévu que le taux de remplacement de la région administrative de Montréal sera de 133 et celui de la région Nord-du-Québec sera de 148. Pour ces régions, il y aurait donc, d’un point de vue théorique, plus de travailleurs disponibles que d’emplois à combler. Cependant, pour toutes les autres régions, l’indice est négatif et parfois de façon alarmante comme pour les régions de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine (50), du Bas-Saint-Laurent (66), de la Côte-Nord (68) et des Laurentides (68). Nous parlons de théorie, car il n’y a pas d’adéquation entre la main-d’œuvre disponible et la formation requise pour occuper ces emplois.
Nous constatons donc que la situation est préoccupante. Outre l’immigration, l’autre facteur permettant de combler les difficultés appréhendées est l’accessibilité à l’éducation en région. Les cégeps jouent un rôle de première importance, car il est démontré1 que la présence des cégeps en région rehausse le taux de diplomation, notamment chez les filles, permet une meilleure rétention des jeunes dans leur région, augmente le nombre de diplômés de première génération et favorise l’obtention d’un diplôme dans les familles à plus faibles revenus.
Qui plus est, le cégep est aussi un employeur d’importance dans sa localité et est un acteur socio-économique incontournable.
En conclusion, nous pouvons affirmer que la pénurie de main-d’œuvre frappera les régions de façon plus importante en dehors des centres urbains. L’immigration constitue une solution, accompagnée d’un système éducatif présent en région, notamment par le maintien de cégeps forts et bien financés.
1Les collèges après 50 ans : regard historique et perspectives, Conseil supérieur de l’éducation, mars 2019